Le voyage dans le voyage

Arrivés à Constanta mardi midi, nous passons l’après-midi à manger, puis sur la plage. Le soir, Florent passe les premiers coups de fil pour peaufiner le départ… comment cela va-t-il se passer ? Eh bien, voilà…

Des cyclos ayant bien pédalé, jusqu’à être arrivés, se retrouvèrent bien dépourvus, quand l’heure du retour fut venue…

En effet, beaucoup de cyclos font le voyage du retour en train. Ils peuvent charger leurs vélos dans les wagons. ça grince un peu des dents chez certains contrôleurs, mais ça passe. En revanche, 2 vélos + 2 remorques + des bagages, ça pourrait faire s’arracher les dents des chefs de quai de toute l’Europe. Soucieux de ne pas créer d’incident de taille à l’heure où l’Europe traverse déjà une crise majeure, nous laissons tomber l’idée de rentrer par le train avec toutes nos affaires. D’autant qu’avec les deux loulous (Colin et Félice) sur un quai de gare, un tel transport relèverait du numéro de cirque.

Avant de partir, nous avions eu le contact d’une personne qui allait nous fournir son aide la plus précieuse. Jacques travaille dans une entreprise de transport international basée à côté de Cholet. En un coup de fil, il avait accepté de contacter une entreprise partenaire en Roumanie, qui effectue des transports réguliers depuis la Roumanie jusqu’à Cholet.  L’interlocuteur roumain avait rapidement donné un accord de principe pour ramener nos affaires dans un camion. Cette solution nous permettant alors de rentrer par le train avec un minimum d’affaires.

But the problem was…

L’entreprise roumaine est à Huedin, à 50 km de Cluj, soit à 700 km au Nord Ouest de Constanta. Comment emmener nos affaires là-bas ?…

Florent contacte alors un ancien camarade de promotion de cette belle licence pro rennaise. Ronan, qui s’est établi en Roumanie, nous assure de son aide dans toutes nos démarches. Il tient parole, et nous donne le coup de pouce essentiel qui nous manquait. Il nous conseille de faire acheminer nos vélos + remorques + bagages par l’entreprise FAN COURIER, qui est une sorte d’UPS, mais en beaucoup plus tolérant. Nous avions du mal à le croire, mais cette entreprise achemine tout, et partout en Roumanie. Rien ne les effraie.

Le mercredi matin, alors que la familia part à la plage, Florent file à travers la ville sur son beau vélo très léger en direction des bureaux de FAN COURIER. Lorsqu’il y parvient, il patiente un moment derrière plusieurs personnes venues récupérer des paquets. Sur les deux agents, Florent vise le plus jeune, qui doit sûrement parler anglais. Raté. C’est le plus vieux qui maîtrise. Il n’est pas effrayé par le chargement décrit, mais il demande à ce que tout soit emballé. Impossible, répond Florent : nous n’avons pas le matériel, et pas le temps. Il ne s’en offusque pas, mais me fait bien répéter que nous n’attaquerons pas l’entreprise en cas de casse. Pas besoin de démonter les vélos (ni guidons, ni pédales). Mais il apprécie que les remorques puissent être pliées.

Pour le paiement, Ronan a demandé à l’un de ses amis de nous faire profiter d’un tarif d’entreprise. Le coût du transport de Constanta à Huedin (directement dans les locaux du transporteur !) pour 2 vélos + 2 remorques + 6 paquets de bagages (nos sacoches regroupées), et tout cela en 24h : environ 30€.

Autre élément positif : FAN COURIER se déplace pour venir chercher nos affaires là où nous nous trouvons.

RDV est donc fixé pour 15h. Nous avons 1h30 pour choisir ce qu’on emmène, faire nos paquets et dire au-revoir à notre bardas.

Nous ne chômons pas. Il faut choisir ce que nous emmenons, sachant que nous aurons certainement 3 jours de voyage.

A 15h30, la camionnette arrive. Nous chargeons nos affaires. Le chauffeur nous fait signer le bon d’expédition au seul nom de : « Florent ». Puis nous prenons les enfants dans nos bras, et nous installons derrière la camionnette. Nous voyons ainsi le chauffeur refermer la porte sur ce que nous avons eu de plus précieux pendant 3 mois et demi. Nous sommes émus, tous les 4. Les enfants disent au-revoir. Pendant 3 mois et demi, nous avons veillé sur notre matériel, scruté ses moindres manifestations de faiblesse. Nous avons compté sur lui pour nous tirer de mauvaises passes… et voilà : nous le confions maintenant à ce chauffeur, qui doit l’acheminer à l’autre bout de la Roumanie. Notre voyage s’arrête vraiment à ce moment-là, où nous redevenons des piétons. Nous sommes plus légers, et un peu tristes aussi.

Nous passons la fin de journée en compagnie de Ludovic et Camille, les journalistes. C’est un plaisir de vivre ces instants à Constanta avec eux : nous parlons du communisme, de la Roumanie, de l’Europe qui se construit. Puis nous passons notre dernière nuit ici.

Le lendemain, ce jeudi 13 juin, nous quittons Constanta avec un sac à dos pour Florent, et un sac en bandoulière pour Chloé. Ludovic et Camille rentrent sur Bucarest avec leur voiture de location, et nous ont proposé de nous y emmener. Quelle chance ! Nous arrivons à l’aéroport vers 11h30, après une longue portion d’autoroute assez facile, et un périphérique assez déconcertant.

Nous saluons nos amis journalistes, et cherchons une navette de bus pour la ville. Colin et Félice sont tout excités par le fourmillement de l’aéroport. Nous trouvons assez facilement un bus qui dessert la Gare Nord de Bucarest. Nous nous y installons et parvenons à la gare en 30mn. Là, nous nous précipitons au guichet, et achetons deux tickets pour Cluj. Le train part dans 20 mn. Le trajet durera 9h30. Pendant que Florent achète quelques trucs pour les deux repas à venir, Chloé rejoint le train avec les bagages et les enfants. A un moment, alors que les gens se pressent sur le quai, Félice s’allonge calmement à plat ventre sur le sol, et dit : « Nan. » « Jveux pas ». Hum… c’est embarrassant. Finalement, il se relèvera après quelques minutes, suffisantes pour nous faire dire que nous avons bien fait de ne pas tenter le retour en train avec tout le matériel.

Lorsque nous prenons place dans le train, il nous est difficile de croire que nous allons mettre 9h30 pour faire 700 km. Et pourtant… En Roumanie, les trains roulent très lentement. Et s’arrêtent partout. Nous mettrons donc 10h45, parce que le train prendra du retard à certains moments.

La vie à bord du train est assez facile. Les gens sont souriants, particulièrement à l’égard des enfants. Colin et Félice font des cascades hallucinantes sur les sièges. Félice s’endort sur le sol, après avoir dévoré le sac entier de cerises que la voisine avait mis à sa disposition.

Nous traversons les Carpates, très jolies, très montagneuses. Un orage éclate soudain, suivi d’une pluie drue et dure. A l’intérieur du train, nous éprouvons pour la première fois depuis longtemps le sentiment tellement réconfortant d’être à l’abri. Nous regardons les nuages, et sentons, même à travers la vitre, ce qui est en train de se passer dehors. Nous savons ce qu’est ce temps, et quels sont ses effets sur celui qui est dehors à ce moment-là… Nous savourons cette sensation de cocooning, tout en espérant ne jamais oublier cette relation si forte que nous avons nouée avec les éléments naturels durant ces mois de voyage.

Nous arrivons à Cluj à 23h. La gare est grande et déserte. Nous hésitons longuement à partir à Huedin tout de suite, pour y finir notre nuit dans la gare. Mais nous choisissons finalement de prendre le temps d’acheter nos billets pour Paris. Les guichets sont libres, nous commençons donc la discussion avec la guichetière, assez surprise de vendre un billet Cluj-Paris à une famille un jeudi soir à 23h. Colin et Félice sont en pyjama et courent comme des dératés dans le hall. leurs cris résonnent dans la gare. Pour finir, ils sont en sueur, tout rouges. Nous avions envisagé de dormir dans la salle d’attente, mais celle-ci est éclairée comme en plein jour, et plusieurs personnes tuent déjà le temps en regardant une télé. Vu l’état d’excitation des garçons, il risque d’y avoir incompatibilité entre notre désir de dormir, et leur humeur déjantée.

Nous filons donc à l’hôtel de la gare, où nous prenons une chambre pour 5 heures de sommeil seulement, mais qui s’avéreront précieuses.

Nous nous endormons avec nos tickets pour Paris dans la poche.

Le vendredi matin, nous prenons le train à 6h30 pour Huedin. Nous devons y descendre pour y rencontrer notre contact, dans l’entreprise de transport. Ce sera l’occasion de nous présenter, de faire connaissance, et de vérifier que FAN COURIER a bien acheminé toutes nos affaires.

Débarquant à Huedin, nous découvrons une toute petite gare, pour une ville pas très grande non plus. L’entreprise est à  3 km de là. Nous commençons à marcher, mais c’est un peu galère. Il fait chaud, les garçons ont du mal à rester sur le trottoir… ça va être long. Heureusement, un jeune homme s’arrête, et nous fait monter dans sa voiture. Il passe des coups de fil pour se renseigner sur l’endroit où nous allons, et il nous y emmène. Merci à lui !!!

Parvenus à l’entreprise de transport, nous y rencontrons notre interlocuteur : Vasile. Il parle un très bon français, et est très avenant. La discussion démarre facilement, et nous passons deux heures avec lui, parlant de la Roumanie, de son métier, en buvant des verres de lait. Sans y être jamais venu, il connaît bien notre région : Saumur, Le Mans, Laval, Cholet, sont des noms qu’il utilise souvent sur des bons de transport, ou pour trouver des réparateurs à tel ou tel camion tombé en panne à proximité…

Vers 11h, le fils du patron nous raccompagne à la gare dans son 4×4 où les ceintures se sont pendues tellement elles ne servaient jamais. Nous achetons pour la dernière fois les fruits et les légumes si savoureux de Roumanie, changeons notre argent, et prenons le train qui doit nous emmener à Budapest.

Dans le train, c’est encore la fête des enfants. Nous rencontrons Emory, un prêcheur texan de 80 ans qui fait un tour d’Europe  de ses amis. Nous passons un très chouette moment en sa compagnie. Le voyage dure longtemps, à cause de la vitesse des trains, mais aussi à cause des deux passages de frontière (Roumaine et Hongroise) durant lesquels le train est fouillé de fond en comble (pas les bagages).

Nous arrivons à Budapest et retrouvons la langue hongroise. Nous nous remettons au « Yo napot », et autres « Közönöm ». Nous nous posons sur un banc de la magnifique gare, et jouons avec les balles. Florent chante du Oasis sur son Ukulele. ça plaît aux passants. Nous nous réconcilions un peu avec la Hongrie. Nous nous baladons dans la gare.

Vers 20h30, nous nous dirigeons vers le quai de notre train. Bizarre, il indique un départ à 21h45, au lieu de 21h10. Sachant que nous n’aurons que 20 mn de changement à Munich, nous nous enquérons de savoir si la correspondance sera assurée. Oui oui, nous dit le chef de quai, qui semble s’en foutre pas mal. A l’intérieur du train, Florent pose la même question au chef de wagon, qui répond avec agacement : « Bien sûr que non, nous ne l’aurez pas. » Poum. Bah, ç’aurait été bien qu’on nous le dise. « C’est comme ça, le Danube est en crue, estimez-vous heureux, la semaine dernière, y avait pas de train du tout ». Bon. Soit. une demi heure de retard, c’est pas la mort. Peut-être que Munich fera attendre son train… En attendant, le nôtre démarre.

Peu après le départ, le chef de wagon passe dans notre compartiment couchette pour nous demander ce que nous prenons pour le petit déjeuner. Nous sommes surpris. Nous ne pensions pas qu’un petit déjeuner nous était servi alors que nous quittons le train à 6h30. « Un petit déjeuner ? Vers quelle heure ? », répondons-nous. Le chef de wagon souffle encore, agacé : « huit heures, neuf heures, ou dix heures, je sais pas. » En fait, le trajet du train a été complètement modifié, à cause des crues du Danube, mais ce n’est écrit nulle part. Ni dans la gare, ni sur internet. Les billets continuent d’être vendus avec les horaires ordinaires, alors que les correspondances ne pourront forcément pas être assurées. Nous jurons, d’autant que le trajet Budapest-Paris nous a coûté un bras (300€ pour deux adultes, les enfants n’ont rien payé). Et la nuit se passe ainsi, à quatre sur deux couchettes.

Le samedi matin, nous arrivons effectivement à 9h00 à Munich. La guichetière nous échange nos billets : un train part dans 30mn pour Stuttgart. Puis arrivée à Paris à 16h30. Nous nous en tirons pas trop mal !

A partir de Munich, nous retrouvons une ambiance de train bien moins sympa que celle des trains roumains. Ici, dès qu’un des garçons commence à pleurer, des visages sortent de leurs tablettes pour nous jeter des regards pas toujours sympathiques. Bienvenue en Europe de l’Ouest, les amis.

A Stuttgart, Florent cherche désespérément un minimarket à proximité de la gare. ça aussi, c’est fini !…

Et puis c’est la France, ses maisons propres, ses campagnes entretenues. Peu de gens dehors, pas beaucoup de vélos de tous les jours sur les routes. Chloé manque de se trouver mal lorsque l’écran du wagon indique que nous roulons à 320km/h. C’est 5 fois plus que la vitesse de notre train roumain, et combien de fois plus que notre vitesse de voyage ?…

Arrivant à Paris Est, Colin est tout excité à l’idée de revoir son tonton Ghislain ! Celui-ci nous attend sur le quai, et Colin lui court dans les bras. Sa joie est intense. C’est le début de retrouvailles qu’il a tant désirées !…

Nous passons une belle après midi dans Paris, et nous nous endormons repus de pâtes à la carbonara, que nous prenons plaisir à faire cuire sur une plaque électrique. La cuisson à l’étouffée en bivouac avait en effet plusieurs fois montré ses limites gustatives.

Le dimanche matin, nous remontons dans un train pour rentrer sur Angers. ça sent bon la maison. Nous discutons avec deux femmes anglaises qui ont choisi de venir randonner à pied dans notre région. Elles nous demandent des conseils sur les itinéraires, des infos sur la langue. ça y est : nous sommes revenus chez nous, et ces femmes viennent y voyager. Nous sommes d’autres voyageurs, revenus chez eux, mais tellement attentifs à ceux qui bougent autour de nous.

A la descente du train, nous embrassons les parents de Florent, qui sont venus nous chercher. Il fait beau, la ville brille. et nos yeux aussi. Dans la voiture, les enfants et les parents retrouvent sans trop de joie les sièges auto…

Et sur le chemin… nous retrouvons… la Loire ! Elle qui nous accompagné sur nos premiers chemins. Elle qui nous a donné envie de prendre la route, qui nous a invités à la suivre, et nous a envoyés voir ses compagnons d’Europe… « ma Loire », dit Colin, tout ému. Puis : « mon pont ! » , s’écrie-t-il à l’approche des Rosiers. « Et ma maison ? elle est où, ma maison ? » « Elle est là !! je reconnais !  elle  est là, après le chemin !! » Sa joie est intense. Il n’est pas énervé, juste profondément heureux. Lorsque nous descendons de la voiture, à quelques dizaines de mètres de la maison, il trépigne, a envie de s’élancer, mais veut aussi nous attendre… Puis nous nous mettons en route, à pied. Colin court, arrive dans la cour, et crie : « c’est là !! c’est ma maison!!  » A l’intérieur, nous embrassons nos familles, qui nous ont fait le cadeau d’être là, d’avoir préparé un délicieux repas, dans une jolie maison, et devant un jardin magnifique ! Les garçons y découvrent avec bonheur une balançoire et un bac à sable flambant neufs… aucune aire de jeux dans un aucun pays ne leur aura procuré autant de joie !

Le soir, nous nous endormons paisiblement, en pensant que nous redormirons là demain… et peut-être après-demain aussi. Peut-être même allons-nous rester là quelques jours… 😉 Et c’est bon.

7 réflexions sur “Le voyage dans le voyage

  1. Je suis contente de voir les peripeties de votre retour qui ma beaucoup emue surtout sur la fin quand vous arrivez en France et devant votre maison.
    J’espere que votre retour en Anjou n’est pas trop difficile.
    Biz

  2. Très intéressant cet épisode qui nous relate les différentes étapes du retour.
    Et un bien bel épilogue dans « votre petit nid ».
    Colin et Félice, les petits « pro de la chariote » ont bien mérité leurs balançoire et bac à sable. 4355 km, impressionnant quand même!!!
    Nous avons aimé suivre votre douce folie, bien installés devant l’ordi.
    Gros gros bisous à vous quatre.

  3. pas pu m’empecher d’aller le lire alors que je savais déjà… mais la description de l’arrivée à la maison m’a encore émue une nouvelle fois. Je rajoute ces dernières pages à mon ptit bouquin de plage hey hey
    gros bisous

  4. beaucoup d’émotions à vous lire à nouveau, j’en ai les larmes aux yeux,vous m’avez fait passé par toutes les émotions inimaginables…………….amitiéssssssssssss

  5. Bonjour,

    Je suis un illustre inconnu (Julien) qui a suivit vos belles aventures! Donc bravo à vous, cela a dû être magique!

    En plus de vous suivre sur votre blog, nous vous suivons également sur la route… En effet, avec mon amie et notre fils assis dans sa Croozer, nous sommes partis le 22 mai dernier de Nantes (où nous habitons) en direction de Constanta. Mais notre périple à coupé court lorsque mon amie (Aurélie) a chuté à Bâle… Diagnostic : fracture de la tête radiale (au niveau du coude)… Rapatriés avec un gros goût amer mais farouchement décidés à repartir dès que l’os sera consolidé, nous allons dans quelques jours reprendre la route pour nous l’espérons toujours, rejoindre la mer Noire.

    Ainsi, je me tourne vers vous et votre expérience pour échanger sur vos différentes démarches, et notamment votre logistique de retour.

    Vous devez avoir mon adresse mail, n’hésitez pas à me recontacter, j’en serai ravi!

    Cyclotouristement!
    Julien,Aurélie et Marius

    PS : c’est à la base une de mes tantes (Anne-Marie Gauthier) qui m’avait parlé de votre projet.

    • Salut Julien, Aurélie, et Marius !
      Merci pour votre chouette message ! Nous sommes bien contents que vous repreniez la route, et aimerions beaucoup échanger avec vous ! Mais…non, je n’ai pas votre adresse mail ! Je ne crois pas que je puisse la trouver dans le blog. Voici la nôtre : flobeillard@gmail.com N’hésite pas à nous écrire ! J’espère que tu auras ce message !!
      Amitiés cyclotouristes !
      Florent and Co

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