des chiffres, des moyennes, des stats…

Attention : article qui fait rêver. Emotion. Frissons.

Nous allons vous dire combien tout cela nous a coûté… Nous ne présentons pas les coûts d’achat de matériel, considérant que nous ne les avons pas achetés uniquement pour ce voyage. Les duvets, les vélos, la tente….tout cela nous resservira bien d’autres fois. Précisons seulement que les 3/4 de nos achats ont été d’occasion. Au-delà du gain financier pas négligeable, nous avons surtout fait de belles rencontres, avons eu de beaux échanges avec des gens passionnés.

Entre le jour de notre départ (03 mars) et celui de notre arrivée à Constanta (le 11 juin), nous avons dépensé  2799€, soit 27€ par jour.

En moyenne, nous avons dépensé 15€ par jour pour la nourriture et tous les achats divers. Ce montant nous paraît plutôt conséquent, mais il inclue de nombreux autres frais tels que : couches pour Félice (partout dans le monde, ça plombe un budget), connexions internet, timbres, livres pour les garçons, bouteilles de gaz, paires de sandales pour Chloé et Florent, patins et câbles de freins. Par ailleurs, nous avions des achats plus coûteux lorsque nous voulions régaler nos hôtes en leur cuisinant des plats français.

En moyenne, nous avons dépensé 12€ par jour pour l’hébergement, ce qui n’est pas si mal quand on sait que 3 nuits en hôtel en Allemagne vous coûtent déjà un bras…

D’ailleurs, à propos d’hébergement, voilà un peu comment ça s’est passé :

Sur 101 jours, nous avons roulé 91 jours, et avons pris 10 journées de repos. Sur 91 jours roulés, nous avons tenu une moyenne de 47km par jour. La distance journalière minimum parcourue a été de 13 km. La distance journalière maximum parcourue a été de 90 km.

Sur les 100 nuits du voyage, nous avons dormi

43 nuits chez l’habitant : 21 nuits chez des hôtes de Warmshowers, 11 nuits chez des hôtes de Couchsurfing, 4 nuits chez des hôtes de CycloCamping International, et 7 nuits chez des hôtes qui nous avaient spontanément invités.

28 nuits payantes : 15 en hôtels, 8 en auberges de jeunesse, et 5 en pensions

29 nuits sous tente : 16 en camping, 8 en bivouac sauvage, et 5 dans les jardins de maison.

Bric à brac

Bric à brac. Voilà un joli mot pour désigner ce qui va suivre : un inventaire à peu près ordonné de tout notre matériel. Nous y ajoutons quelques appréciations qui pourraient être utiles à celles et ceux intéressés…

Deux vélos Orbea Murua : nous les avons achetés d’occasion. Coup de chance : nous avons réussi à trouver deux Orbea Murua. ça nous a paru intéressant d’avoir les deux mêmes vélos, pour avoir des repères en cas de casse, voire pour repiquer des pièces sur le vélo de l’autre. Ce ne sont pas de typiques vélos de randonnée, mais ils nous ont donné entière satisfaction. Un peu lourds, peut-être. Aucun problème technique. Petit ajustement de dérailleur pour Chloé après 1500 km, puis plus rien.

Patins de freins : Jean-Sylvain et Mauricette nous avaient conseillé d’en emmener plusieurs paires de rechange… Ils avaient raison ! Une journée de pluie sur des chemins peut suffire à user intégralement des patins neufs !! La poussière des chemins est terriblement abrasive !

Porte-bagages arrière Tubus ? Le vélo de Florent en est équipé. Nous n’avons pas perçu l’intérêt de ce porte-bagages de marque. Celui de Chloé, fourni avec son vélo, a très bien fait l’affaire.

Porte-bagages avant : Seul le vélo de Florent en est équipé. Il s’agit d’un Zéfal Raider, premier prix, qui a donné entière satisfaction, alors qu’il était sans doute surchargé.

Selles brooks pre-aged : nous les avons achetées deux semaines avant le départ. Il nous a donc paru judicieux d’acheter les pre-aged, c’est à dire pré-rodées. De fait, elles ont été confortables immédiatement. Ce sont vraiment de très bonnes selles. Celle de FLorent s’est faite très vite, peut-être un peu trop vite. Aujourd’hui, il achèterait plutôt une B17 standard, non pré-rodée. Nous n’avons eu aucune douleur à l’entre-cuisse de tout le voyage. Brooks mérite sa réputation !

Pneus Schwalbe Marathon 42-622 : Très bons. Petite erreur de casting juste avant le départ : Florent avait commandé des pneus 47-622 qui, une fois gonflés à bloc (soit la veille du départ 😦 , ne passaient plus sous les garde-boue… à vérifier, donc, au préalable.

Sacoches Florent (arrière,avant, guidon) : Vaude non-imperméables avec housse de protection pluie. Super ! Florent en est très content.

Sacoches Chloé : Ortlieb imperméables. Super aussi. Peut-être plus spacieuses que les Vaude. L’imperméabilité est à toute épreuve. Pour vérifier avant de partir, n’hésitez pas à les mettre sous la douche : le test est radical. Chloé a préféré les Ortlieb.

Remorque Bob yak (ancienne : la grise) : Florent a rajouté une béquille de vélo enfant. Il la mettait à chaque fois qu’il descendait de vélo, et c’est super pratique : ça stabilise bien la remorque. Il convient seulement de la régler à la même hauteur que la béquille du vélo. Nous avons bien chargé cette remorque, rajoutant une sacoche par dessus + le pot, et fixant le tout avec des tendeurs. Avant de partir, Florent avait pensé à une remorque deux roues. En fait, la monoroue est vraiment avantageuse : elle passe partout, et limite les frottements et donc l’effort. Mais c’est moins stable… et les fixations sont spécifiques, de sorte que Chloé et Florent ne pouvaient pas changer de remorque sans changer de vélo.

Remorque Croozer (remorque des enfants) : achetée en 2012, mais il s’agit peut-être d’un modèle plus ancien. Formidable petite chariotte !!… Elle a fait un voyage magnifique, et s’est comportée merveilleusement bien, même sur quelques pistes vraiment craignos !… Franchement, elle n’a rien à envier à ses concurrentes tellement plus coûteuses ! les enfants ont toujours été bien, le coffre est gigantesque… Nous avions rajouté un store  à l’extérieur (c’est plus efficace qu’à l’intérieur) qui a été très utile.

Ce qui nous a paru indispensable pour les vélos : les rétroviseurs, le compteur.

Côté garde-robes, nous ne détaillerons pas tout dans ces lignes… Pour la première partie du voyage (jusqu’à mi-avril), nous avions des tenues d’hiver : sous-vêtements thermiques pour les enfants, après-ski pour les enfants. ça n’a pas été de trop quand il a neigé ! Les parents, eux, sont habillés dans de très élégantes vestes de pluie Quechua et VAUDE. Et franchement, ces vestes, c’est de la bombe !!! La meilleure invention après la roue !! Un bijou technologique qui te protège contre la pluie la plus sauvage, tout en laissant passer ta transpiration. Pour une sensation de sec inégalable. Bon, cet argumentaire de vente peut paraître exagéré, mais il n’en est rien !! Ces vestes, épaisses comme une feuille de cigarette (mais plus chères qu’un paquet), sont vraiment extraordinaires !

Nous avons renvoyé ces vêtements d’hiver par colis postal depuis l’Autriche.

Côté camping, voilà :

Tente : Vango equinox 450. Achetée neuve, parce qu’il nous a semblé qu’une tente d’occasion a toujours un peu morflé (coutures, UV). Nous sommes très contents de notre ! Nous connaissions ses inconvénients : un peu lourde (7kg), un peu volumineuse, un peu longue au montage (entre 10 et 15mn). Mais nous avons bénéficié de tous ses avantages : de la place, une bonne hauteur sous plafond (1m60 au plus haut !!), une très grande abside (nous pouvions tout mettre dedans : vélos, remorques…).

Les duvets : température de confort 0°. nous n’avons pas dormi en tente sous ces températures, mais nous jugeons utile d’avoir acheté de tels duvets. Les garçons avaient surtout deux turbulettes confectionnées par Mamie. Terribles. Des bijoux de technologie que seules les mamies savent réaliser…

Matelas : 4 thermarest dont 2 tailles petites pour les enfants. Autre bijou de technologie : ces matelas sont incroyables de qualité. Thermarest vous raconte chaque nuit comment 3 cm suffisent à votre confort.

Deux oreillers gonflables de chez Decathlon : c’est bien… vraiment bien…

Réchaud : Primus Gravity gaz ou essence. Un bon petit réchaud, léger, peu volumineux, et qui envoie du steack. Bien sûr, il convient de toujours placer en dessous la petite plaque et le paravent en alu fournis avec, et ce, même s’il n’y a pas de vent : cela augmente très efficacement la capacité de chauffage !

La popote : une petite mais très bien. Nous sommes très heureux d’avoir insisté pour avoir une passoire intégrée dedans !

Dans la chariotte, les garçons avaient :

un frisbee qui leur servait d’assiette pour leur mettre des raisins secs : sur l’ensemble du voyage, ils ont dû manger l’équivalent du vignoble nantais.

des livres : mais alors pas trop chers, parce qu’ils ont tous fini en purée de papier… La faute à la pluie, à l’ennui, ou à la faim… mais nous en avons régulièrement racheté parce que les garçons en réclamaient.

des ardoises magiques petite taille

des doudous, bien sûr, qui ont aussi connu la poussière des chemins

un ballon de foot, qui peut se vanter d’avoir créé des amitiés

toutes sortes de petits jouets indescriptibles car trop petits… des qui font du bruit, des qui font de la lumière, des qu’on peut mordre… de sacrés bouts de choses qui ont bien tenu compagnie aux garçons

mais le must : un petit Ipod retrouvé dans un tiroir et qui allait devenir une star grâce à l’ajout d’enceintes X-mini bleu métallisé…. du son, en-veux-tu-en-voilà. La chariotte transformée en dance-floor, au son des « Dents de lait » ou de ‘Abib Bowie ! Super idée que ce petit autoradio ! Il nous a fait chanter, a endormi les enfants, a calmé les parents, a réconforté tout le monde quand il y avait des coups de blues (parce que dans l’Ipod, y avait aussi JJ Goldman himself !)

 

Ajoutons que les 3/4 de notre matériel a été acheté d’occasion. Au-delà du gain financier, ces achats ont permis de faire de belles rencontres, avec des gens passionnés qui nous ont donné des conseils, et beaucoup encouragé !

Le retour des affaires

A Huedin, Lucian avait ouvert une porte, et, au milieu des cartons de dossiers, nous les avions vues, posées sur le sol : nos sacoches, nos remorques, et nos montures… Nous les avions trouvées bien, ici : c’était sûr, tout était en de bonnes mains.

Puis nous avons pris le train du retour, avec pour seul bagage deux sacs à dos. A St Clément, nous étions bien. Mais tout ce matériel a commencé à nous manquer… Eh oui ! Nous ne nous sentons pas matérialistes, mais… là… il s’agit d’un matériel qui a pris tellement de sens pour nous !! Alors, oui, le manque s’est fait sentir. Florent a remonté de vieux vélos, mais qqchose ne marchait pas… Une partie de notre voyage était encore en Roumanie.

Lucian comprenait bien notre attente. Il nous expliquait qu’il fallait attendre qu’un camion fasse le  trajet direct Roumanie-France. En effet, dans un trajet indirect, le chauffeur change de remorque en Hongrie, Autriche, ou Allemagne. Et dans ce changement de remorque, le transfert des vélos et bagages peut s’avérer fastidieux, voire risqué pour le matériel et le chauffeur. D’où la nécessité d’attendre un trajet direct. Mais en juillet-août, le traffic est ralenti, partout… Alors, les FloChloandCo attendaient… et un beau midi de la fin août…

Coup de fil de la Roumanie ! C’est Lucian ! Quel plaisir, d’abord, d’entendre sa voix, son accent chantant, et ses blagues bien éprouvées ! Il nous annonce qu’un camion part dans deux jours pour la France. Il peut mettre nos affaires dedans. Mais…le camion livre seulement à Colmar. C’est pas tout près, mais les FloChloandCo veulent saisir l’occasion.

Alors, de nouveau dans ce voyage, un très beau cadeau nous est offert : les parents de Florent acceptent de faire l’aller-retour avec une remorque pour aller chercher tout le bardas ! Un immense merci à eux !!

Le vendredi 30 août, le camion quitte Huedin, avec notre trésor dans sa remorque. Lucian a demandé à Florent de garder son portable sur lui en permanence, afin de pouvoir justifier la présence du matériel en cas de contrôle policier.

Rendez-vous est fixé entre Clarisse et Gaëtan (parents de Florent) et le chauffeur de Lucian. Le transfert se fera sur un parking, à l’extérieur de l’usine, parce qu’il ne s’agit pas non plus d’un chargement « officiel ».

Bisheim   les vélos des Flochlo (3)

Le camion est très grand. Lorsque le chauffeur ouvre la porte arrière, le chargement est noyé dans un nuage de mouches ! Bisheim   les vélos des Flochlo (4)

Des milliers et des milliers de canettes de coca compressées en cubes viennent dans cette usine se faire recycler. Le chauffeur s’enfonce à la tête de la remorque pour aller y chercher nos affaires…

Bisheim   les vélos des Flochlo (6)              Bisheim   les vélos des Flochlo (10)

Et bientôt, voilà les vélos, les remorques, les sacoches, et le pot (!) bien au chaud dans la remorque familiale ! C’est parti pour un retour simple en bord de Loire !

livraison des vélos à la cour des mariniers (3)

Grande émotion à retrouver tout ce bardas. Aucun problème, tout est dans un parfait état. Lucian s’est très bien occupé du chargement. Nous lui en sommes infiniment reconnaissant. Nous lui avions donné toute notre confiance, et nous avons eu raison. Merci à lui, et merci à Jacques, qui nous l’avait fait rencontrer !

La chariotte (extraordinaire chariotte !) a repris du service pour emmener les enfants à l’école. Les retrouvailles entre nos selles et nos postérieurs ont été d’une euphorie discrète et néanmoins perceptible. En enfourchant nos vélos, un qualificatif s’est imposé à nous : « incomparable ».

C’est fou, hein ? de s’attacher autant à du matériel… mais c’est beau, aussi. Et le retour du matériel a ajouté quelques 3000 km à notre voyage, et a réveillé des émotions qui s’étaient un peu assoupis dans la chaleur de l’été ligérien. C’est super. Merci, merci Lucian.

Le voyage dans le voyage

Arrivés à Constanta mardi midi, nous passons l’après-midi à manger, puis sur la plage. Le soir, Florent passe les premiers coups de fil pour peaufiner le départ… comment cela va-t-il se passer ? Eh bien, voilà…

Des cyclos ayant bien pédalé, jusqu’à être arrivés, se retrouvèrent bien dépourvus, quand l’heure du retour fut venue…

En effet, beaucoup de cyclos font le voyage du retour en train. Ils peuvent charger leurs vélos dans les wagons. ça grince un peu des dents chez certains contrôleurs, mais ça passe. En revanche, 2 vélos + 2 remorques + des bagages, ça pourrait faire s’arracher les dents des chefs de quai de toute l’Europe. Soucieux de ne pas créer d’incident de taille à l’heure où l’Europe traverse déjà une crise majeure, nous laissons tomber l’idée de rentrer par le train avec toutes nos affaires. D’autant qu’avec les deux loulous (Colin et Félice) sur un quai de gare, un tel transport relèverait du numéro de cirque.

Avant de partir, nous avions eu le contact d’une personne qui allait nous fournir son aide la plus précieuse. Jacques travaille dans une entreprise de transport international basée à côté de Cholet. En un coup de fil, il avait accepté de contacter une entreprise partenaire en Roumanie, qui effectue des transports réguliers depuis la Roumanie jusqu’à Cholet.  L’interlocuteur roumain avait rapidement donné un accord de principe pour ramener nos affaires dans un camion. Cette solution nous permettant alors de rentrer par le train avec un minimum d’affaires.

But the problem was…

L’entreprise roumaine est à Huedin, à 50 km de Cluj, soit à 700 km au Nord Ouest de Constanta. Comment emmener nos affaires là-bas ?…

Florent contacte alors un ancien camarade de promotion de cette belle licence pro rennaise. Ronan, qui s’est établi en Roumanie, nous assure de son aide dans toutes nos démarches. Il tient parole, et nous donne le coup de pouce essentiel qui nous manquait. Il nous conseille de faire acheminer nos vélos + remorques + bagages par l’entreprise FAN COURIER, qui est une sorte d’UPS, mais en beaucoup plus tolérant. Nous avions du mal à le croire, mais cette entreprise achemine tout, et partout en Roumanie. Rien ne les effraie.

Le mercredi matin, alors que la familia part à la plage, Florent file à travers la ville sur son beau vélo très léger en direction des bureaux de FAN COURIER. Lorsqu’il y parvient, il patiente un moment derrière plusieurs personnes venues récupérer des paquets. Sur les deux agents, Florent vise le plus jeune, qui doit sûrement parler anglais. Raté. C’est le plus vieux qui maîtrise. Il n’est pas effrayé par le chargement décrit, mais il demande à ce que tout soit emballé. Impossible, répond Florent : nous n’avons pas le matériel, et pas le temps. Il ne s’en offusque pas, mais me fait bien répéter que nous n’attaquerons pas l’entreprise en cas de casse. Pas besoin de démonter les vélos (ni guidons, ni pédales). Mais il apprécie que les remorques puissent être pliées.

Pour le paiement, Ronan a demandé à l’un de ses amis de nous faire profiter d’un tarif d’entreprise. Le coût du transport de Constanta à Huedin (directement dans les locaux du transporteur !) pour 2 vélos + 2 remorques + 6 paquets de bagages (nos sacoches regroupées), et tout cela en 24h : environ 30€.

Autre élément positif : FAN COURIER se déplace pour venir chercher nos affaires là où nous nous trouvons.

RDV est donc fixé pour 15h. Nous avons 1h30 pour choisir ce qu’on emmène, faire nos paquets et dire au-revoir à notre bardas.

Nous ne chômons pas. Il faut choisir ce que nous emmenons, sachant que nous aurons certainement 3 jours de voyage.

A 15h30, la camionnette arrive. Nous chargeons nos affaires. Le chauffeur nous fait signer le bon d’expédition au seul nom de : « Florent ». Puis nous prenons les enfants dans nos bras, et nous installons derrière la camionnette. Nous voyons ainsi le chauffeur refermer la porte sur ce que nous avons eu de plus précieux pendant 3 mois et demi. Nous sommes émus, tous les 4. Les enfants disent au-revoir. Pendant 3 mois et demi, nous avons veillé sur notre matériel, scruté ses moindres manifestations de faiblesse. Nous avons compté sur lui pour nous tirer de mauvaises passes… et voilà : nous le confions maintenant à ce chauffeur, qui doit l’acheminer à l’autre bout de la Roumanie. Notre voyage s’arrête vraiment à ce moment-là, où nous redevenons des piétons. Nous sommes plus légers, et un peu tristes aussi.

Nous passons la fin de journée en compagnie de Ludovic et Camille, les journalistes. C’est un plaisir de vivre ces instants à Constanta avec eux : nous parlons du communisme, de la Roumanie, de l’Europe qui se construit. Puis nous passons notre dernière nuit ici.

Le lendemain, ce jeudi 13 juin, nous quittons Constanta avec un sac à dos pour Florent, et un sac en bandoulière pour Chloé. Ludovic et Camille rentrent sur Bucarest avec leur voiture de location, et nous ont proposé de nous y emmener. Quelle chance ! Nous arrivons à l’aéroport vers 11h30, après une longue portion d’autoroute assez facile, et un périphérique assez déconcertant.

Nous saluons nos amis journalistes, et cherchons une navette de bus pour la ville. Colin et Félice sont tout excités par le fourmillement de l’aéroport. Nous trouvons assez facilement un bus qui dessert la Gare Nord de Bucarest. Nous nous y installons et parvenons à la gare en 30mn. Là, nous nous précipitons au guichet, et achetons deux tickets pour Cluj. Le train part dans 20 mn. Le trajet durera 9h30. Pendant que Florent achète quelques trucs pour les deux repas à venir, Chloé rejoint le train avec les bagages et les enfants. A un moment, alors que les gens se pressent sur le quai, Félice s’allonge calmement à plat ventre sur le sol, et dit : « Nan. » « Jveux pas ». Hum… c’est embarrassant. Finalement, il se relèvera après quelques minutes, suffisantes pour nous faire dire que nous avons bien fait de ne pas tenter le retour en train avec tout le matériel.

Lorsque nous prenons place dans le train, il nous est difficile de croire que nous allons mettre 9h30 pour faire 700 km. Et pourtant… En Roumanie, les trains roulent très lentement. Et s’arrêtent partout. Nous mettrons donc 10h45, parce que le train prendra du retard à certains moments.

La vie à bord du train est assez facile. Les gens sont souriants, particulièrement à l’égard des enfants. Colin et Félice font des cascades hallucinantes sur les sièges. Félice s’endort sur le sol, après avoir dévoré le sac entier de cerises que la voisine avait mis à sa disposition.

Nous traversons les Carpates, très jolies, très montagneuses. Un orage éclate soudain, suivi d’une pluie drue et dure. A l’intérieur du train, nous éprouvons pour la première fois depuis longtemps le sentiment tellement réconfortant d’être à l’abri. Nous regardons les nuages, et sentons, même à travers la vitre, ce qui est en train de se passer dehors. Nous savons ce qu’est ce temps, et quels sont ses effets sur celui qui est dehors à ce moment-là… Nous savourons cette sensation de cocooning, tout en espérant ne jamais oublier cette relation si forte que nous avons nouée avec les éléments naturels durant ces mois de voyage.

Nous arrivons à Cluj à 23h. La gare est grande et déserte. Nous hésitons longuement à partir à Huedin tout de suite, pour y finir notre nuit dans la gare. Mais nous choisissons finalement de prendre le temps d’acheter nos billets pour Paris. Les guichets sont libres, nous commençons donc la discussion avec la guichetière, assez surprise de vendre un billet Cluj-Paris à une famille un jeudi soir à 23h. Colin et Félice sont en pyjama et courent comme des dératés dans le hall. leurs cris résonnent dans la gare. Pour finir, ils sont en sueur, tout rouges. Nous avions envisagé de dormir dans la salle d’attente, mais celle-ci est éclairée comme en plein jour, et plusieurs personnes tuent déjà le temps en regardant une télé. Vu l’état d’excitation des garçons, il risque d’y avoir incompatibilité entre notre désir de dormir, et leur humeur déjantée.

Nous filons donc à l’hôtel de la gare, où nous prenons une chambre pour 5 heures de sommeil seulement, mais qui s’avéreront précieuses.

Nous nous endormons avec nos tickets pour Paris dans la poche.

Le vendredi matin, nous prenons le train à 6h30 pour Huedin. Nous devons y descendre pour y rencontrer notre contact, dans l’entreprise de transport. Ce sera l’occasion de nous présenter, de faire connaissance, et de vérifier que FAN COURIER a bien acheminé toutes nos affaires.

Débarquant à Huedin, nous découvrons une toute petite gare, pour une ville pas très grande non plus. L’entreprise est à  3 km de là. Nous commençons à marcher, mais c’est un peu galère. Il fait chaud, les garçons ont du mal à rester sur le trottoir… ça va être long. Heureusement, un jeune homme s’arrête, et nous fait monter dans sa voiture. Il passe des coups de fil pour se renseigner sur l’endroit où nous allons, et il nous y emmène. Merci à lui !!!

Parvenus à l’entreprise de transport, nous y rencontrons notre interlocuteur : Vasile. Il parle un très bon français, et est très avenant. La discussion démarre facilement, et nous passons deux heures avec lui, parlant de la Roumanie, de son métier, en buvant des verres de lait. Sans y être jamais venu, il connaît bien notre région : Saumur, Le Mans, Laval, Cholet, sont des noms qu’il utilise souvent sur des bons de transport, ou pour trouver des réparateurs à tel ou tel camion tombé en panne à proximité…

Vers 11h, le fils du patron nous raccompagne à la gare dans son 4×4 où les ceintures se sont pendues tellement elles ne servaient jamais. Nous achetons pour la dernière fois les fruits et les légumes si savoureux de Roumanie, changeons notre argent, et prenons le train qui doit nous emmener à Budapest.

Dans le train, c’est encore la fête des enfants. Nous rencontrons Emory, un prêcheur texan de 80 ans qui fait un tour d’Europe  de ses amis. Nous passons un très chouette moment en sa compagnie. Le voyage dure longtemps, à cause de la vitesse des trains, mais aussi à cause des deux passages de frontière (Roumaine et Hongroise) durant lesquels le train est fouillé de fond en comble (pas les bagages).

Nous arrivons à Budapest et retrouvons la langue hongroise. Nous nous remettons au « Yo napot », et autres « Közönöm ». Nous nous posons sur un banc de la magnifique gare, et jouons avec les balles. Florent chante du Oasis sur son Ukulele. ça plaît aux passants. Nous nous réconcilions un peu avec la Hongrie. Nous nous baladons dans la gare.

Vers 20h30, nous nous dirigeons vers le quai de notre train. Bizarre, il indique un départ à 21h45, au lieu de 21h10. Sachant que nous n’aurons que 20 mn de changement à Munich, nous nous enquérons de savoir si la correspondance sera assurée. Oui oui, nous dit le chef de quai, qui semble s’en foutre pas mal. A l’intérieur du train, Florent pose la même question au chef de wagon, qui répond avec agacement : « Bien sûr que non, nous ne l’aurez pas. » Poum. Bah, ç’aurait été bien qu’on nous le dise. « C’est comme ça, le Danube est en crue, estimez-vous heureux, la semaine dernière, y avait pas de train du tout ». Bon. Soit. une demi heure de retard, c’est pas la mort. Peut-être que Munich fera attendre son train… En attendant, le nôtre démarre.

Peu après le départ, le chef de wagon passe dans notre compartiment couchette pour nous demander ce que nous prenons pour le petit déjeuner. Nous sommes surpris. Nous ne pensions pas qu’un petit déjeuner nous était servi alors que nous quittons le train à 6h30. « Un petit déjeuner ? Vers quelle heure ? », répondons-nous. Le chef de wagon souffle encore, agacé : « huit heures, neuf heures, ou dix heures, je sais pas. » En fait, le trajet du train a été complètement modifié, à cause des crues du Danube, mais ce n’est écrit nulle part. Ni dans la gare, ni sur internet. Les billets continuent d’être vendus avec les horaires ordinaires, alors que les correspondances ne pourront forcément pas être assurées. Nous jurons, d’autant que le trajet Budapest-Paris nous a coûté un bras (300€ pour deux adultes, les enfants n’ont rien payé). Et la nuit se passe ainsi, à quatre sur deux couchettes.

Le samedi matin, nous arrivons effectivement à 9h00 à Munich. La guichetière nous échange nos billets : un train part dans 30mn pour Stuttgart. Puis arrivée à Paris à 16h30. Nous nous en tirons pas trop mal !

A partir de Munich, nous retrouvons une ambiance de train bien moins sympa que celle des trains roumains. Ici, dès qu’un des garçons commence à pleurer, des visages sortent de leurs tablettes pour nous jeter des regards pas toujours sympathiques. Bienvenue en Europe de l’Ouest, les amis.

A Stuttgart, Florent cherche désespérément un minimarket à proximité de la gare. ça aussi, c’est fini !…

Et puis c’est la France, ses maisons propres, ses campagnes entretenues. Peu de gens dehors, pas beaucoup de vélos de tous les jours sur les routes. Chloé manque de se trouver mal lorsque l’écran du wagon indique que nous roulons à 320km/h. C’est 5 fois plus que la vitesse de notre train roumain, et combien de fois plus que notre vitesse de voyage ?…

Arrivant à Paris Est, Colin est tout excité à l’idée de revoir son tonton Ghislain ! Celui-ci nous attend sur le quai, et Colin lui court dans les bras. Sa joie est intense. C’est le début de retrouvailles qu’il a tant désirées !…

Nous passons une belle après midi dans Paris, et nous nous endormons repus de pâtes à la carbonara, que nous prenons plaisir à faire cuire sur une plaque électrique. La cuisson à l’étouffée en bivouac avait en effet plusieurs fois montré ses limites gustatives.

Le dimanche matin, nous remontons dans un train pour rentrer sur Angers. ça sent bon la maison. Nous discutons avec deux femmes anglaises qui ont choisi de venir randonner à pied dans notre région. Elles nous demandent des conseils sur les itinéraires, des infos sur la langue. ça y est : nous sommes revenus chez nous, et ces femmes viennent y voyager. Nous sommes d’autres voyageurs, revenus chez eux, mais tellement attentifs à ceux qui bougent autour de nous.

A la descente du train, nous embrassons les parents de Florent, qui sont venus nous chercher. Il fait beau, la ville brille. et nos yeux aussi. Dans la voiture, les enfants et les parents retrouvent sans trop de joie les sièges auto…

Et sur le chemin… nous retrouvons… la Loire ! Elle qui nous accompagné sur nos premiers chemins. Elle qui nous a donné envie de prendre la route, qui nous a invités à la suivre, et nous a envoyés voir ses compagnons d’Europe… « ma Loire », dit Colin, tout ému. Puis : « mon pont ! » , s’écrie-t-il à l’approche des Rosiers. « Et ma maison ? elle est où, ma maison ? » « Elle est là !! je reconnais !  elle  est là, après le chemin !! » Sa joie est intense. Il n’est pas énervé, juste profondément heureux. Lorsque nous descendons de la voiture, à quelques dizaines de mètres de la maison, il trépigne, a envie de s’élancer, mais veut aussi nous attendre… Puis nous nous mettons en route, à pied. Colin court, arrive dans la cour, et crie : « c’est là !! c’est ma maison!!  » A l’intérieur, nous embrassons nos familles, qui nous ont fait le cadeau d’être là, d’avoir préparé un délicieux repas, dans une jolie maison, et devant un jardin magnifique ! Les garçons y découvrent avec bonheur une balançoire et un bac à sable flambant neufs… aucune aire de jeux dans un aucun pays ne leur aura procuré autant de joie !

Le soir, nous nous endormons paisiblement, en pensant que nous redormirons là demain… et peut-être après-demain aussi. Peut-être même allons-nous rester là quelques jours… 😉 Et c’est bon.

Au bord de la Loire…

…nous coulons des jours heureux ! Heureux d’avoir retrouvé nos amis, nos familles, notre maison, et notre beau jardin.

Sur le blog, notre aventure s’est arrêté à Constanta, et c’était bien là notre destination ! Mais, en réalité, le voyage a duré un peu plus.

Comment sommes-nous rentrés ? Par quels moyens ? Avec quelles difficultés ? Et quels plaisirs ?… c’est ce que nous allons décrire dans quelques derniers articles.

Nous profiterons également de ces derniers mots du blog pour détailler notre matériel, et développer le « côté chiffres » de notre voyage. Nous souhaitons que cela soit profitable à quiconque entreprend un tel voyage !

Amitiés !

Mardi 11 Juin : sur le sable de Constanta…

…nous pensons à vous tous qui nous avez accueillis, conseillés, encouragés, réconfortés… par des mots prononcés, écrits, pensés… par des petits présents : de l’eau, une raki, des gateaux pour les enfants… Merci de nous avoir aidé dans ce voyage…

Voici des photos de notre après-midi sur le sable, pleins de joie…

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Mardi 11 Juin : fin de notre voyage… arrivée à Constanta…

C’est le premier matin du voyage où nous partons sans consulter la carte… Nous allons à Constanta, et nous allons y trouver la Mer Noire. Nous sommes excités, et notre insomnie doit sans doute autant à cette impatience qu’aux cris de putois du vieux… Chloé et Florent se réveille à 5h15, et s’apercoivent que c’est la bonne heure pour vivre, ici; le village est déjà plein de bruits, de va-et-vients, et c’est normal : il fait bon. Lorsque nous nous mettons en route un peu avant 9h, la température est déjà montée de plusieurs degrés.

Sur la route, nous cherchons des têtes familières; Car nous en sommes sûrs désormais : Ludovic, le journaliste, est revenu à Constanta hier pour filmer notre arrivée et l’insérer au reportage ! C’est un vrai plaisir de le revoir, et une grande chance pour nous d’avoir des images de la fin de notre voyage !

Nous croisons donc Camille et Ludovic sur la route entre Cobadin et Ciocarlia de Jos. Nous ne nous quitterons plus jusqu’au soir.

Pour l’heure, l’approche de Constanta n’est pas des plus aisées. et pas des plus agréables, non plus. La route qui nous y mène est une 2×2 voies, où se croisent toutes sortes de véhicules, à toutes les vitesses. Sur le bas-côté, des filles proposent leurs charmes à des automobilistes qui s’arrêtent et les emmènent un peu plus loin. Chloé et Florent sont extremement concentrés. Après l’épreuve physique de la veille, il semble que cette étape veuille tester leur résistance au stress.

L’itinéraire devient même carrément n’importe quoi lorsque, pour choisir la direction de Constanta, la petite caravane st clémentaise se retrouve au milieu de 5 voies dont deux d’insertion. Autour, ça va très vite, et ce n’est absolument pas beau.

Un bateau, néanmoins, attire notre regard. Il est fier, sorti de l’eau, et arbore en lettres rouges le nom Constanta. Un peu plus loin, nous franchissons le panneau d’entrée de la ville. St Clément-Constanta. ça sonnait bien, dans nos oreilles. Eh bien, ça y est, nous y sommes.

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A l’approche du centre ville, le traffic se régule un peu. Nous filons à travers la ville vers le port de Tomis. La ville est sens dessus-dessous : refaite de toutes parts par des promoteurs immobiliers qui veulent en faire une deuxième Côte d’Azur. Les chantiers semblent entamés de toutes parts, et la cohérence de tout cela nous échappe un peu. Mais l’objet de notre passage n’est pas là ! Nous filons vers la mer, et les enfants crient de joie à l’idée de la voir surgir au coin d’une rue. Plusieurs coins de rues après, nous la voyons !

LA MER NOIRE !

Nous rigolons tous. De joie, de relâchement. Nous rigolons devant tant de simplicité, et nous rigolons parce que nous savons ce que nous avons fait pour venir jusque-là !

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4355km, chacun fait sur nos vélos ou dans la chariotte… 101 jours passés ensemble, à vivre un quotidien de rencontres, de questionnements, et de décisions…

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La présence de Ludovic, et ses questions nous poussent à dire un peu plus de choses sur ce que ce voyage a soulevé en nous… Nous tenant ainsi à côté de la Mer Noire qui est noyée dans la brume, nous parlons, rigolons, revoyons, repensons… A toutes ces personnes qui nous ont aidé sur le chemin, ou par leurs petits mots, leurs pensées…A tous ces paysages croisés, admirés…

Et tout cela nous fait répondre, à la question :

« Alors, la Mer Noire, elle est de quelle couleur ? »

« Elle est de toutes les couleurs. De toutes celles que nous avons rencontrées, sur les chemins, et dans les pensées qui nous étaient envoyées. »

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Lundi 10 Juin : d’Ostrov à Viisoara

Chloé l’avait vu sur la carte : la journée de lundi serait une grosse journée. peut-être la plus dure du voyage. Parce que nous voulons rallier Cobadin, distant de 90km. Et que la route, sur la carte, présente un enchainement de montées et de descentes à faire frémir un tradeur. De fait, David ne nous dit pas autre chose. Il nous donne deux kilos de cerise, nous salue bien ; les enfants l’embrassent affectueusement  ; nous partons. A 9h00 du matin, il fait 34°. Il est temps que nous arrivions à Constanta.

Nous peinons dans la première grosse côte qui passe près du magnifique Monastère de Dervent. Les paysages sont magnifiques, bien sûrs, mais il nous faut les gagner par de sacrés cols !

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Nous suons à grosse gouttes, et portons sans cesse nos gourdes à nos bouches. Heureusement, des villages nous offrent des sources rafraichissantes.

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Les km s’amenuisent et nous frissonnons de voir s’approcher Constanta…

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Sur cette partie de l’itinéraire, nous traversons des zones rurales, qui nous semblent assez pauvres.

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Le contact est moins facile, les gens semblent plus fatigués, ou plus assommés par la canicule. Nous parvenons à Ion Corvin à 12h. La première partie de notre défi est remportée. Mais nous savons que le plus dur est devant nous… « ça va se jouer au mental », dit Chloé. Avant de partir, petit briefing de famille pour que chacun sache ce qu’il a à faire. Papa appuie sur les pédales, Maman aussi. Colin et Félice moulinent dans leurs têtes pour passer le temps, qui va être long, c’est sûr. Nous savons que nous n’arriverons pas avant 18h…  C’est parti.

Dans une montée, un camion nous double, puis s’arrête. Le chauffeur en descend.

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C’est un jeune, Daniel, qui nous donne deux glaces, « les meilleures que vous aurez jamais mangées », à condition que nous parlions de lui dans notre pays. C’est chose faite, Daniel ! 🙂

Un peu plus loin, c’est un apiculteur amoureux de ses ruches qui nous donne un bol d’air frais.

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A ce moment, nous commençons à en baver. Les paysages que nous traversons sont splendides, mais ils nous semblent de plus en plus durs, presque hostiles; les champs de blé roussis par la chaleur s’allongent, et les côtes qui les bordent s’allongent avec eux…

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Les monastères sont perchés en haut de petits pitons rocheux qui semblent réclamer toujours plus d’efforts de notre part…

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Vers 17h, le mental de Florent commence à craquer un peu, tandis que Chloé commence à manquer de ressources physiques. La route est une succession de « Up and Down » terrifiants, dans une ligne droite interminable. Et nous rejetons notre amertume sur notre carte qui présente un relevé de cette zone parfaitement approximatif.

Vers 18h30, alors que nous traversons enfin Viisoara, nous apprenons qu’il n’y a pas de couchage à Cobadin. Nous demandons donc si nous pouvons planter notre tente devant le minimarket du village. Il y a de l’éclairage public, une petite cloture, une pelouse, du passage… ça nous semble parfait. Nous soufflons, un peu en hypoglycémie. Nous avons réussi.Tous les 4. Colin et Félice ont été incroyables de concentration et d’énergie positive. Grâce à cette étape, nous sommes à 40km de Constanta, seulement !!! Nous serons à la Mer Noire demain !!!

Nous nous couchons dans les bruits du soir : les bus qui ramènent  les travailleurs, les familles qui viennent s’approvisionner au minimarket ouvert jusqu’à 22h, le bar voisin qui s’anime. A partir de 23h, notre terrain résonne des voix des hommes qui ont fait la fermeture du bar. L’un d’entre eux, un vieux, crie comme un putois. ça dure jusqu’à 2h30 du matin. Colin et Félice roupillent, Chloé et Florent restent éveillés. Ils ne sont pas inquiets, car ils sentent dans le groupe d’hommes des éléments positifs, apaisants. Mais des expressions reviennent parfois dans les cris du vieux « Francesze » (les français) « Copii » (les enfants) « Bicycletta »… A cela s’ajoutent des mouvements de voitures un peu étranges pour un lundi soir. A 3h, Florent décide d’aller prendre un café avec tout ce monde-là. Dehors, il n’ y a plus que deux personnes, très calmes; L’un dort, l’autre veille : il est vigile et surveille l’école, le bar, le minimarket. De nouveau, nous bénéficions d’un service de protection le plus rapproché possible ! Florent et Giurgiu parlent de leurs métiers, et des voyages que certains peuvent faire, et d’autres pas. Nous parlons de ce voyage, qui touche à sa fin. Pour qu’un voyage se termine, il faut un témoin. Merci d’avoir tenu ce rôle, Giurgiu.

Dimanche 09 Juin : d’Oltenita à Ostrov

En ce dimanche matin, les rues d’Oltenita s’animent peu à peu, et Colin et Félice participent de cette animation avec la femme de Mircea, délicieuse personne elle aussi. Là encore, les « au-revoir » sont difficiles pour les garçons qui ont très rapidement tissé des liens avec cette dame…

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Florent et Chloé ont maintenant un rythme de 80km/jour bien inscrits en eux. Autant dire que Florent rigole moins, voire plus du tout. C’est l’efficacité qui compte, et Chloé est obligé de le remuer un peu pour pouvoir prendre une photo, ou montrer une fleur aux garçons. On n’est pas des machines, tout de même.

Pourtant, après la pause de midi, nous roulons un peu hagards sur une route droite et passante qui n’en finit pas. A l’approche de Calarasi, les villages s’enchainent sans démarcation. Nous lançons peut etre 300 « Buna Ziva », et ne savons plus où donner de la tête. Lorsque cette ligne droite se brise, à la faveur d’un virage, c’est pour nous offrir le visage blafard de Calarasi, ville transformée en cité industrielle par Ceaucescu. C’est moche de loin, et nous ne la verrons pas de près. nous la contournons pour aller prendre le bac et traverser une dernière fois le Danube. Cette route est une levée qui traverse des marais brulants sous le soleil. Il fait 38°, et l’asphalte réfléchit la chaleur aussi bien que nous la subissons. Cette route inintéressante ne vaut que parce qu’elle finit par nous mener au bord du Danube où, par chance, nous montons sur le bac au moment où il largue ses amarres. ça y est, nous franchissons le Danube pour la dernière fois. De l’autre côté, c’est vraiment notre dernière ligne droite.

De l’autre côté, nous découvrons un nouveau paysage. Il s’agit d’une terre viticole, qui nous semble plus riche économiquement. La vigne s’étend sur des collines douces qui laissent entrevoir de fort belle manière le Danube.

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A Ostrov, nous nous arrêtons à une source pour prendre de l’eau. En discutant avec les gens, nous comprenons qu’il sera difficile de dégoter un jardin où planter la tente : le petit village a une pension et entend bien la faire exister. Nous filons donc à la pension Danubius, et y prenons une chambre. Le gérant, David, est un homme intelligent et bienveillant. Avec lui, nous parlons du Danube, et de cette crue historique dont nous voyons les images à la télévision. Dans 4 ou 5 jours, cette crue sera devant chez lui. Ainsi va la vie du fleuve, et celle de David.

Samedi 08 Juin : de Slobozia à Oltenita

Au matin, nous quittons le petit monastère alors que la messe de plein air résonne dans la forêt. Cette nuit dans le monastère n’a pas beaucoup plu à Florent, qui en attendait autre chose, mais qui n’est pas capable de dire quoi. Passant Giurgiu, nous réalisons que cette journée sera longue : nous voulons rallier Oltenita, qui est à 80 km, mais le relief est beaucoup moins clément que les jours précédents. Nous galérons un peu à monter sur la colline, à la sortie de Giurgiu. Parvenus au sommet, nous roulons sur un plateau, ça va. DSC_4695

Mais dans le ciel, qqchose se prépare. Qqchose de costaud. L’orage qui a épargné hier le monastère est là, sur notre gauche. Sans même le voir, nous le sentons : à la chaleur qui se fait plus pesante, au vent qui nous gêne, aux cris des grillons  dans les blés. Soudain, ça tonne, comme un premier avertissement. Nous sommes à 7 km du prochain village, et allons entrer dans une forêt. A la lisière du bois, une petite chapelle attire notre attention. Elle est attenante à une sorte de kiosque en bois, qui peut faire un abri idéal. Nous nous y engouffrons, et parvenons à y stocker tout notre bardas. A peine sommes-nous entrés que l’orage éclate, qui ne laisserait aucune chance à un cycliste sur la route : des trombes d’eau s’abattent sur l’asphalte, le ciel se déchire dans un bruit d’arbres arrachés, et les éclairs font tressaillir nos cils. Félice se bidonne à chaque coup de tonnerre. Ce petit abri est providentiel.

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Nous y passons une heure et quart, et repartons sous un crachin, mais avec une température divisée par deux. Dans les arbres, les oiseaux gazouillent de nouveau.

L’après-midi est belle, nous avons du mal à croire que le ciel pourrait de nouveau se fâcher. Et pourtant… Alors que nous progressons difficilement vers cette lointaine étape d’Oltenita, l’horizon se bouche. Mais cette fois, les couleurs sont plus sombres que jamais. Le ciel est violacé, mais teinté par endroits d’un jaune pâle qui laisse entrevoir des nuages tourmentés. ça ressemble à un violent bleu sur le front de Félice. Mais on ne s’épargne pas un orage avec de l’arnica. Le vent se lève, et est contre nous. Il nous amène cet orage autant que nous allons vers lui. Nous cherchons dans les comportements des gens des signes qui pourraient nous faire dire si ça craint vraiment. Au début, rien. Chacun continue sa tâche, sans trop paraître se soucier du ciel. Mais tout se fait en silence, tout de même, et c’est étrange. Puis, à un moment, nous sentons que les mouvements dans les champs s’accélèrent… les voitures ouvrent leurs portières pour laisser entrer les personnes qui commencent à rentrer à pied au village… et tout cela se fait dans un silence pesant. Le ciel tonne, mais on ne sait pas où est passé l’orage. Il est partout, nulle part. Nous lui échappons jusqu’à Chirnogi. Là, nous décidons d’attendre un moment sous le kiosque d’un jardin d’enfants. Félice se fout pas mal du tonnerre : il veut faire du toboggan, et nous avons toutes les peines du monde à le faire se mettre à l’abri.

Quand nous reprenons la route, il nous reste 7 km pour rallier Oltenita. Nous le faisons sous la pluie, et face au vent. Un pont gigantesque qui franchit une petite rivière fait jurer Chloé. Dans la descente qui suit, nous manquons de rater qqchose d’incroyable… le premier panneau indiquant CONSTANTA !!!!! Mais pour l’heure, il nous faut trouver un endroit où dormir. La pluie tombe à plein, cette ville nous est parfaitement inconnue… C’est alors qu’une voix se fait entendre derrière nous. Un monsieur sur son vélo nous entraine dans le centre d’Oltenita. Il nous laisse devant une pension, et s’en va comme il était venu. Et cette pension, c’est un beau cadeau. Mircea nous accueille avec beaucoup de gentillesse. La pension est charmante, joliment aménagée, pas trop chère. C’est un bel endroit, qui plait aux FloChloandCo. Ils sont à Oltenita ! Ils l’ont fait ! Nous dégustons la meilleure glace de tout notre voyage, et mangeons une bonne salade dans la belle chambre remplie de choses.